« Un jeune homme épris de littérature » – 9 au 11 février 2017
Quand Salò m’a proposé une carte blanche, j’ai repensé à ce plan d’un film de Guy Gilles, « Le crime d’amour » où l’on voit Jacques Penot lire la rubrique des faits divers d’un journal et plus particulièrement ce titre « Un jeune homme épris de littérature ». Dans un premier temps, je me suis dit que les sous-sols de Salò n’étaient pas le lieu espéré où croiser ce genre de jeune homme. Puis j’ai commencé à imaginer des lecteurs contre lesquels il faudrait se coller pour saisir par-dessus les bruits, la musique, les paroles de la nuit, quelques phrases rescapées d’un de mes romans. Puis j’ai voulu offrir des espaces solitaires, des isoloirs où les mots reprendraient le pouvoir. Mais d’une manière douce, sans autorité.
Trois jours à mêler l’intime et le groupe, le mot et la musique. Trois jours pour inviter des chanteurs aimés depuis longtemps comme Michel Cloup ou découvert dernièrement comme Niki Niki. Et inviter aussi une soprano, Léa Trommenschlager et des actrices comme Ludivine Sagnier, pour le plaisir de les entendre chanter.
« Un jeune homme épris de littérature » – 9 au 11 février 2017
Quand Salò m’a proposé une carte blanche, j’ai repensé à ce plan d’un film de Guy Gilles, « Le crime d’amour » où l’on voit Jacques Penot lire la rubrique des faits divers d’un journal et plus particulièrement ce titre « Un jeune homme épris de littérature ». Dans un premier temps, je me suis dit que les sous-sols de Salò n’étaient pas le lieu espéré où croiser ce genre de jeune homme. Puis j’ai commencé à imaginer des lecteurs contre lesquels il faudrait se coller pour saisir par-dessus les bruits, la musique, les paroles de la nuit, quelques phrases rescapées d’un de mes romans. Puis j’ai voulu offrir des espaces solitaires, des isoloirs où les mots reprendraient le pouvoir. Mais d’une manière douce, sans autorité.
Trois jours à mêler l’intime et le groupe, le mot et la musique. Trois jours pour inviter des chanteurs aimés depuis longtemps comme Michel Cloup ou découvert dernièrement comme Niki Niki. Et inviter aussi une soprano, Léa Trommenschlager et des actrices comme Ludivine Sagnier, pour le plaisir de les entendre chanter.
Ariane Bromberger
Charles Carmignac
Michel Cloup
Dennis Cooper
Sébastien Eveno
Hyper Francois
Coralie Gauthier
Alban Ho Van
Jeremia (POLYESTER)
NIKI NIKI
Ludivine Sagnier
Michael Salerno
Mathieu Telinhos
Léa Trommenschlager
» L’été en ville. Neuf heures du matin. Des voitures roulent vers nous au pas puis disparaissent. La rue pleine de gens en tee-shirt. Deux augures chinoises assises sous un parasol. Il est tricolore. Etals de mangues côtoyant une poissonnerie et des cercles de jeux. Les gens silencieux crachent sur les trottoirs. Tas d’ordures nauséabonds. La façade de l ‘immeuble est carrelée jusqu’au premier étage. Les odeurs remontent de la rue. Fenêtre ouverte. Lit poussé contre la fenêtre. Un jeune homme d’une vingtaine d’années. Torse nu. Pieds nus. Les tétons comme deux poinçons sans auréoles. Les cheveux ont poussé. Une crinière. Presque rousse. La nuque calée dans un oreiller qui sent la sueur. Les genoux touchent la barre de plomb qui traverse la fenêtre. Air chaud. Sirènes de police. Le parasol vu d’en haut est une spirale hypnotique. Rouge jaune vert. Le soleil brûle un peu la pommette. Une musique très proche. Enceinte de voyage. Sourire. Inspiration. Les yeux ont une humeur bleutée. Longs cils. Puis paupières closes. La beauté du petit français. Serge est seul à New York. Je suis jeune, je suis gentil, je vais faire de la musique pour que des gens dansent et se chopent, mais en attendant que Paris ait son Market Hotel ou son Glasslands, il vaut mieux que je reste ici, je profite de la spontanéité qui règne, et malgré tout, à Brooklyn notamment, les lieux sont accessibles, les locaux de répétitions relativement abordables, je peux éclore, échanger, coexister, je peux avoir la chance de partager des plateaux avec des grouges vraiment incroyables, même si je ne connais pas encore grand monde, je dois sortir dans des clubs et des bars, les arts opening, les shows d’Indie Rock dans des DIY spaces, les parties dans les musées, fréquenter ceux qui sont obligés d’être en perpétuelle activité pour gagner leur vie sans se retrouver coincés derrière un bureau, je ne suis pas dupe, c’est le double tranchant d’une vie américaine, tout est dur, aucun filet de sécurité, ca m’angoisse mais ça me poussera à être créatif, à redoubler d’effort, et à égaler les merveilles que j’admire, sans illusion sur le show off, qui m’énerve déjà, tous ces photographes présents dans les openings, tous ces descendants de MacMullan, on peut toujours espérer que la crise mette un peu de retenue là-dedans. »
Un projet
Comité dans Paris x Club SALÒ
En partenariat avec
Trax Magazine, Technikart Magazine et Magazine Antidote