Campus et barres de béton. Période hivernale. Une ville ocre, blanche et bleue. Jérémy a vingt ans. Il est étudiant à la fac et il habite avec sa famille dans une des tours du quartier, Les Iris.
Soir de neige. Il fait nuit sur le terrain de foot désert qui borde la rocade. La neige est partout. Trois silhouettes au milieu du blanc. Ils sont penchés vers quelque chose qui remue une dernière fois à leurs pieds. Ils sont penchés vers Ahmed. Ils viennent de le tuer à coups de casque de moto. Ils finissent de l’enterrer sous la neige. Il est temps pour eux de rentrer au chaud. Pendant que se répand dans le quartier la fiction d’un crime raciste commis sur le terrain de foot. Un mystère que Jérémy refuse de ne pas comprendre. Mais, comme l’exprimera l’ex-amoureuse d’Ahmed : « Il n’ y a qu’une chose à comprendre, Ahmed est mort. Ils vont le mettre dans une tombe. Il va y avoir quelque part une tombe avec son prénom, son nom, et les deux dates, 1991/2010. Ca, ce sera lui. Un trou. Et nous dans le monde pendant que lui ne fait pas une putain de sieste, non, pendant qu’il est mort. Sa peau, personne ne retouchera sa peau. Personne ne creusera, n’ouvrira le cercueil pour le toucher à nouveau. Sa peau n’était pas douce. Couverte de sécheresses. Ses bras tellement maigres, ses cuisses, les os de ses hanches. Le serrer c’était se forcer à s’allonger sur une plage de galets. Mais son odeur. La beauté de son odeur. Il sentait une chose ronde, condensée et froide. Tout est tout le temps du malheur. Vivant, puis rien. Nous pareil. Pas mieux. Merde, c’est incroyablement con ».
Mise en scène Eric Vigner.
Campus et barres de béton. Période hivernale. Une ville ocre, blanche et bleue. Jérémy a vingt ans. Il est étudiant à la fac et il habite avec sa famille dans une des tours du quartier, Les Iris.
Soir de neige. Il fait nuit sur le terrain de foot désert qui borde la rocade. La neige est partout. Trois silhouettes au milieu du blanc. Ils sont penchés vers quelque chose qui remue une dernière fois à leurs pieds. Ils sont penchés vers Ahmed. Ils viennent de le tuer à coups de casque de moto. Ils finissent de l’enterrer sous la neige. Il est temps pour eux de rentrer au chaud. Pendant que se répand dans le quartier la fiction d’un crime raciste commis sur le terrain de foot. Un mystère que Jérémy refuse de ne pas comprendre. Mais, comme l’exprimera l’ex-amoureuse d’Ahmed : « Il n’ y a qu’une chose à comprendre, Ahmed est mort. Ils vont le mettre dans une tombe. Il va y avoir quelque part une tombe avec son prénom, son nom, et les deux dates, 1991/2010. Ca, ce sera lui. Un trou. Et nous dans le monde pendant que lui ne fait pas une putain de sieste, non, pendant qu’il est mort. Sa peau, personne ne retouchera sa peau. Personne ne creusera, n’ouvrira le cercueil pour le toucher à nouveau. Sa peau n’était pas douce. Couverte de sécheresses. Ses bras tellement maigres, ses cuisses, les os de ses hanches. Le serrer c’était se forcer à s’allonger sur une plage de galets. Mais son odeur. La beauté de son odeur. Il sentait une chose ronde, condensée et froide. Tout est tout le temps du malheur. Vivant, puis rien. Nous pareil. Pas mieux. Merde, c’est incroyablement con ».
Mise en scène Eric Vigner.
Vlad Chirita
Morgan Dowsett
Lahcen Elmazouzi
Alain Fonteray
Nicolas Guéniau
Eye Haidara
Yann Harscoat
Sophie Hoarau
Christophe Honoré
Kelig Le Bars
Hyunjoo Lee
Tommy Milliot
Sabine Quiriconi
Nico Rogner
Isaïe Sultan
Scott Turner Schofield
Soizic Sidoit
Éric Vigner
Jutta Johanna Weiss
« Il voulait me déshabiller entièrement et je voulais qu’il ferme les volets, mais il me disait non, à cause de la neige qu’il voulait voir tomber dans la nuit. Et il a ouvert la fenêtre pour que ma peau prenne la couleur du froid, un rose froid, il a dit: un magenta. J’étais nu et je parlais à la neige, à propos de toute autre chose, je parlais des cavaliers. Je rigolais, je criais des trucs à la neige d’une manière très dégagée. Je m’étais défoncé en arrivant chez lui. Les cavaliers, la neige comme une armée permanente, ils tournent, une boucle… »
Production
CDDB-Théâtre de Lorient, CDN
Coproduction
CDN Orléans-Loiret-Centre, La Comédie de Reims, CDN
Avec la participation artistique
du Jeune Théâtre National
« Le parti pris de Vigner prolonge la façon dont Honoré lance ses mots au large des rives du réalisme et les laisse dériver. Rien de naturaliste. Ni dans le jeu, ni dans les costumes à commencer par ceux des jeunes garçons qui semblent sortis d’une photo de Bernard Faucon. Et nullement dans le décor : une plage de sable fin qui envahit les rues de la cité et rend lunaires ses arbres, ses réverbères. Le tout plongeant la pièce dans une ouate d’onirisme. En plein accord. »
— Rue 89, Jean-Pierre Thibaudat, le 18 juillet 2012