« Je m’appelle Christophe Honoré et j’aimerais partager avec vous le souvenir d’une journée particulière. Il me semble que c’était en 1993, un dimanche. J’avais pris un train pour Paris le matin depuis Rennes où j’étais étudiant à la faculté de lettres modernes. C’était l’après-midi, au centre Beaubourg, à l’époque où j’ignorais qu’il s’y jouait aussi des spectacles, l’époque où je pensais que c’était un musée, c’est tout. On m’avait conseillé, on m’avait guidé vers les sous-sols. Je ne connaissais pas grand- chose à la danse contemporaine, je ne connaissais rien à la signalétique du centre Beaubourg. C’était l’époque où je voulais tout ressentir et comprendre, où mes vingt ans réclamaient chaque jour du nouveau : un cinéaste, un romancier, un metteur en scène, un chorégraphe, un photographe… chaque jour des bras où me jeter. Il me fallait des inconnus, des étrangers qui, je l’espérais, m’aimeraient un peu. L’époque où je croyais que je venais voir, alors que je venais me faire aimer. »
Grand Prix de la Critique 2019
« Je m’appelle Christophe Honoré et j’aimerais partager avec vous le souvenir d’une journée particulière. Il me semble que c’était en 1993, un dimanche. J’avais pris un train pour Paris le matin depuis Rennes où j’étais étudiant à la faculté de lettres modernes. C’était l’après-midi, au centre Beaubourg, à l’époque où j’ignorais qu’il s’y jouait aussi des spectacles, l’époque où je pensais que c’était un musée, c’est tout. On m’avait conseillé, on m’avait guidé vers les sous-sols. Je ne connaissais pas grand- chose à la danse contemporaine, je ne connaissais rien à la signalétique du centre Beaubourg. C’était l’époque où je voulais tout ressentir et comprendre, où mes vingt ans réclamaient chaque jour du nouveau : un cinéaste, un romancier, un metteur en scène, un chorégraphe, un photographe… chaque jour des bras où me jeter. Il me fallait des inconnus, des étrangers qui, je l’espérais, m’aimeraient un peu. L’époque où je croyais que je venais voir, alors que je venais me faire aimer. »
Grand Prix de la Critique 2019
Jacques Demy
Intégrale – coffret 12 DVD, Arte Edition, 2008.- Agnès Varda, Jacquot de Nantes (1991), Les Plages d’Agnès (2008), DVD Éditions Ciné-tamaris, 2008 et 2010.
Cyril Collard
Les Nuits fauves, Paris, Flammarion, 1989 ; film (1992), DVD Opening, 2008.
L’Ange sauvage, Paris, Flammarion, 1993.
Serge Daney
Persévérance : entretien avec Serge Toubiana, Paris, P.O.L., 1994.
Serge Daney, itinéraire d’un cinéfils (1992), DVD Éditions Montparnasse, 2004.
Hervé Guibert
À l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie (1990), Paris, Gallimard, coll. « Folio », 1992.
La Pudeur ou l’Impudeur, documentaire (1992), DVD BQHL Éditions, 2009.
Bernard-Marie Koltès
Une part de ma vie : Entretiens (1999), Paris, Éditions de Minuit, 2010.
Lettres, Paris, Éditions de Minuit, 2009.
Jean-Luc Lagarce
Trois récits, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2001.
Journal, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2007 et 2008, 2 vols.
« C’est Lola, votre premier film dont je tombe amoureux. J’ai douze ans et je repère votre nom « Jacques Demy » sur le générique. Je suis amoureux de Lola qui s’appelle Cécile et est jouée par Anouk Aimée. C’est Marc Michel qui joue son amoureux secret, il s’appelle Roland Cassard. Et j’en suis aussi amoureux. Je suis amoureux de tous les personnages, de Nantes où le film se passe, de vous, du cinéma. Pourquoi, à douze ans, ai-je eu besoin de tomber amoureux de ce film, ce vieux film des années 60 en noir et blanc ? C’est la même année que celle où je découvre Lola que sort un nouveau film de vous. C’est Une chambre en ville. Je ne sais pas comment j’ai su que vous aviez fait ce film-ci, peut-être que j’avais vu la bande-annonce dans cette émission du dimanche que je ne ratais jamais : La Séquence du spectateur. C’était dans un village au milieu de la Bretagne où j’habitais alors. Il y avait une église, une mairie, l’école privée, l’école publique et un cinéma ouvert seulement le vendredi, le samedi et le dimanche, le Ciné-Breizh. Ils n’ont jamais projeté Une chambre en ville au Ciné-Breizh. L’As des as de Gérard Oury, oui, mais pas Une chambre en ville. C’est une famille nantaise du côté de mon père et aussi de ma mère. Mes parents se sont rencontrés à Nantes, ils se sont mariés là-bas et y ont habité, Quai Henri Barbusse, près du marché de Talensac. C’est l’année d’Une chambre en ville où j’ai commencé à passer tous les étés une semaine de vacances chez ma grand-mère maternelle, mémé kiki. Elle habitait un HLM dans le quartier du Grand Clos. Si je dis le nom des rues, c’est que j’imagine que vous les avez connues. »
Production
Comité dans Paris & Théâtre Vidy-Lausanne
Coproduction
Odéon-Théâtre de l’Europe, Théâtre National de Bretagne, TAP – Théâtre Auditorium de Poitiers, TANDEM, scène nationale, La Comédie de Caen, CDN de Normandie, ThéâtredelaCité, CDN Toulouse Occitanie, Le Parvis Scène Nationale Tarbes-Pyrénées, La Criée, Théâtre National de Marseille, MA avec Granit, Scènes nationales de Montbéliard et de Belfort
Avec le soutien de
LINK, Fonds de dotation contre le sida
Avec la participation artistique du
Jeune Théâtre National
Christophe Honoré remercie
François Berreur, Christine Guibert, Jean-Jacques Jaufret, Gerard Lefort, Lloyd Newson, Frédéric Strauss.
« Ce spectacle à la fois crépusculaire et drôle : un tombeau sans lourdeur pour une génération défunte. Un hymne à l’art qui transcende tout, y compris la mort […] Voilà ce que nous disent Guibert, Demy, Koltès et les autres, tels qu’ils sont ici superbement interprétés, au sens le plus fort du terme. Marina Foïs, Marlène Saldana et Jean-Charles Clichet sont brillants, comme toujours. Harrison Arévalo et, surtout, Youssouf Abi-Ayad, dans la peau de Koltès, font figure de révélations. »
— Le Monde, Fabienne Darge, 8 novembre 2018
« Au Théâtre de Vidy, Christophe Honoré, le cinéaste de « Chansons d’amour » touche au coeur avec « Les Idoles », épître drôle et tendre à Jacques Demy, Hervé Guibert & Cie, tous emportés par le sida. […] Christophe Honoré se mesure à cela justement, à l’onde durable de l’amour, à ses figures hors cadre, dans Les Idoles, fresque toquée, émouvante et allègre sur le fil de la mélancolie, servie au Théâtre de Vidy par six acteurs souples, dans la farce comme dans l’oraison. […] Ce qui bouleverse dans Les Idoles, c’est ce côté valse avec les ombres. Une tendresse intransigeante aussi dans ce salut à ceux qui étaient les grands frères. »
— Le Temps, Alexandre Demidoff, 14 septembre 2018
« C’est dans cette bouche urbaine aux allures de purgatoire que Christophe Honoré invente le confessionnal d’un tendre gueuloir pour réunir des figures qui furent déterminantes pour lui dans sa jeunesse. Ils se nomment : Cyril Collard (Harrison Arevalo), Bernard-Marie Koltès (Youssouf Abi-Ayad), Jacques Demy (Marlène Saldana), Hervé Guibert (Marina Foïs), Jean-Luc Lagarce (Julien Honoré) et Serge Daney (Jean-Charles Clichet). Leur disparition a fait de nous des orphelins. Ils ont en commun de tous compter parmi les premières victimes de l’épidémie de sida, qui s’est déclarée dans le monde au début des années 1980. […] Christophe Honoré transforme le cérémonial de ces impossibles retrouvailles en un cabaret prétexte à pousser ses invités dans leurs derniers retranchements. Avec pudeur, il orchestre son hommage comme une ode à la vie et, ce faisant, il touche au bouleversant. »
— Les Inrocks, Patrick Sourd, 16 novembre 2018